Tel un lys parmi les épines

exposition visuelle et sonore

du 8 au 18 décembre 2018
performance samedi 15 déc.
PASSAGE GUIGON
39 rue de Charenton, 75012 Paris


KLANG/1 - Tel un lys parmi les épines présentera une création in situ de Théophile Stern et Margot Darvogne, des pièces sonores de Thibault Gomez, Pierre Juillard, Timothée Quost et Luise Volkmann et des installations photographiques et vidéo de Pauline Hisbacq, llanit Illouz et John Deneuve.

Nous voulons réactiver le topos qui, du Cantique des Cantiques à l'Amour courtois, fait du jardin le lieu privilégié de l'amour. Dans cet espace clos où se joue impunément la rencontre, les richesses de la nature inspirent un chant dont on ne sait plus s'il est de l'homme ou de la femme. Cette exposition est un manifeste au pouvoir de subversion de l'érotisme. Les oeuvres plastiques et sonores qui y cohabitent forment un environnement à part entière : un jardin aux formes étrangement suggestives. 

D'après l'exégète André LaCocque, le Cantique des cantiques décrit un amour libre, à l'encontre des normes conjugales et de leur institution. Ce chant d'amour dont les descriptions du corps n'ont pas d'égal dans la Bible, aurait été écrit par une femme. Il met en scène la Sulamite (« lys ») dont les avances résolues remettent en cause le modèle patriarcal. La valeur théologique de ce texte ne vient pas d'une signification allégorique, aujourd'hui réfutée, mais au contraire et selon une interprétation littérale, du recours à éros. Le style imagé, porté sur la nature avec des comparaisons aux plantes et aux animaux, a une fonction purement esthétique, de délectation. C'est car il possède en lui-même sa propre fin que cet amour charnel témoigne du spirituel. Il peut dès lors enfreindre les lois. 

On retrouve un même usage subversif de l'érotisme au XIIe siècle en Provence. Le troubadour occitan, épris d'une dame d'un rang supérieur et dépourvu de moyens financiers et chevaleresques, invente un art d'aimer : l'Amour courtois. 

Exprimant avec ardeur son admiration à travers une forme poétique, il compose un chant où il est le vassal et, elle, la suzeraine. Dans un contexte féodal où la femme noble dispose de plus de liberté, elle répond en s'offrant souverainement à lui. Plus récemment, les Gender Studies ont montré le caractère performatif des formes d'expressions queer qui, par la production même du désir désarçonnent les modèles binaires du genre. Ainsi, Eros trouble nos sens et, jouant sur la corde sensible, il transgresse les lois, renverse les hiérarchies, redéfinit les identités... au nom du sentiment le plus obstiné que l'on connaisse : l'amour.
Nous proposons ici d'entrer dans un Jardin dont l'atmosphère pastorale n'a rien d'anachronique. Nous grisant d'une ivresse sensuelle, la nature y est une entremetteuse résolument transgressive, faisant éclore des formes et des sonorités où se reformule sans cesse la relation à l'autre.


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